La Tidjaniya
La Tidianya est une voie d'origine maghrébine, qui a pour fondateur Seydina Cheikh Ahmed Tidiani, né en Algérie en 1737 et décédé à Fès en 1815.
La Tidianya est l'une des dernières voies soufies à faire leur apparition. Pour mieux comprendre cette confrérie, il faudra toujours prendre en compte un fait :
les tidianes croient au caractère spécifique de leur voie. Ils fondent cette croyance sur une similitude et une comparaison. Les musulmans voient en l'Islam la dernière religion révélée et la récapitulation des messages divins précédents. De même, les tidianes considèrent leur confrérie comme l'aboutissement de toutes les voies antérieures . De plus, pour eux, Seydina Cheikh Ahmed Tidiani est le sceau des Saints, Khâtim al-awliyâ, comme Mohamed celui des Prophètes Khâtim al-anbiyâ. En fait, cette confrérie essaie d'opérer une « révolution » du soufisme dans les pratiques et les conceptions.
Elle veut marquer une rupture dans la pratique du mysticisme. Il ne s'agira plus du soufi enfermé ou retiré dans le désert loin des préoccupations « temporelles », mais du mystique essayant de traduire la force du zikr et de la prière en moyen d'affronter le quotidien. Comme en témoigne Cheikh Al Khalifa dans un célèbre vers, en parlant de Cheikh Ahmed Tidiani : « Il a éduqué, ses disciples, sans khalwat (retraite spirituelle), jusqu'à ce qu'ils empruntent le droit chemin, Dieu l'a vraiment comblé de ses dons ». Dans l'enseignement de la Tidianya, il y a un grand souci de conformité aux préceptes de l'islam. Le Cheikh avait largement insisté sur ce point, comme en atteste les ouvrages des Mukhaddams.
Selon le célèbre Amadou Hampâthé Bâ, membre de la confrérie, Tidianya « correspond aux conditions de notre époque » et qu'elle « présente une analogie parfaite avec les trois piliers de l'enseignement des Oulémas à savoir Imân, Islâm et Ihsân (la Foi, la Soumission et la Bienfaisance). Au regard de l'importance des invocations (zikr), dans la pensée soufie, les tidianes en ont fait le fondement même de leur confrérie.
THESE SUR LE MYSTIQUE (selon Mamadou Wade)
Mohamed El Khaly, un éminent compagnon de Cheikh, avait dit au sujet du rôle et du degré de Seydina Ahmed Tidiani (r) : "C'est par son intermédiaire que tous les saints, sans en avoir conscience, reçoivent l'influx des Prophètes. " Cheikh a dit « celui qui m'aime pour l'amour d' Allah et son méssager est béni mais celui quin m'aime pour une autre raison, je ne suis q'un simple humain » Les enseignements qu'il convient de tirer de l'itinéraire du fondateur de la Tidianya jusqu'à sa rencontre avec le Prophète (psl) sont essentiels pour qui emprunte la voie spirituelle.
Le premier est que Cheikh Tidiane n'a jamais cherché à se faire valoir ou à faire du prosélytisme autour de sa personne. Pareil enseignement a été mis en exergue pour les disciples, par la grande figure sénégalaise de la Tidianya, El Hadji Omar Tall , dans son ouvrage spirituel «AI Rimah» (Livres des lances). Le Cheikh AI-Murtada y dit en effet: «Le disciple qui cherche à se faire valoir avant d'avoir terminé son initiation, ne fera rien de bon». Il poursuit plus loin: «Ce qu'il faut( c'est être droit et sincère, rester humble malgré l'acquisition de certaines vertus, se considérer comme toujours imparfait et très loin d'égaler les saints, s'en remettre à Allah, demeurer attentif devant le but à atteindre...» Le deuxième enseignement réside dans la transmission à Cheikh Ahmed Tidiani des modalités de sa mission au service d' Allah .Vision du Prophète Un autre enseignement peut être relevé sur les modalités de la vision du Prophète par les saints, les gnostiques et les vertueux. Le Cheikh El Hadji Omar Tall s'y est étendu dans le livre précité. Il souligne : «On peut voir le Prophète (Psl) sous deux formes : sous l'aspect qu'il avait en ce monde, tel que le virent ses compagnons, ou sous l'aspect de son «essence» la sainte, pour les gnostiques précisément. C'est une lumière qui emplit entièrement le monde. Le gnostiques, lui, voit cette lumière grâce à son intelligence. Cette «essence» peut aussi être «incarnée» par certains Cheikhs, auxquels le Prophète fait cet honneur et donne cette marque de distinction».
Sceau suprême de la sainteté
Il est difficile d'expliciter par des mots ce que recouvre la qualité de Sceau suprême de la sainteté que le Très Haut a réservé au fondateur de la Tidianya Certains auteurs et orientalistes comme Michel Chodkiewicz ont cru pouvoir l' attribuer au grand maître arabo-andahlou Muhyil Dîne Ibn Arabî, alors que à ce dernier ne l'a pas revendiqué de façon claire et nette. D'autres auteurs confèrent ce statut à Jésus fils de Marie à son retour à la vie terrestre sous le nom AL MAHDI.
En présentant la hiérarchie des saints selon les ordres mystiques . comme la Tidianya ou les Akbariens, on peut donner une idée de la station de Cheikh Ahmed Tidiani.
Le saint est d'abord un «signe» de Dieu sur terre. Ils occupent une position privilégiée aux yeux de Dieu qui a y effacé de leur vue les visages de la multiplicité.
Les saints de Dieu portent en eux les secrets du Très-Haut et sont la source de sa lumière.
Il y a la sainteté mineure acquise grâce à l' action pour Dieu et par l' observation du modèle prophétique, et au-dessus la sainteté majeure directement liée à l'action de Dieu sur la créature privilégiée. On peut aussi parler de sainteté de la foi et de sainteté de la certitude ; cette certitude englobant la foi alors que l'inverse n'est pas vrai. Les élus de la deuxième catégorie relèvent de la sainteté majeure. En plus de la possession plénière de la foi, ils sont caractérisés par leur abandon confiant en Dieu. Leur sainteté est, en outre, fondée sur la contemplation et non sur l'argumentaire et le raisonnement. C'est à ce propos que le Cheikh Abûl Hassan Al-Shadhi disait: «Le fait de voir Dieu par l'oeil de la foi et de la certitude nous a libérés de tous recours à la pensée discursive».Qu'il s'agisse de la sainteté procédant de la foi ou de celle émanant de la certitude, l'être qui bénéficie de ces grâces divines est marqué par un ensemble de traits: possession de la gnose (al-ma'rifa bi-llah), la crainte de Dieu, le souvenir permanent de la présence divine, l'empressement à suivre les injonctions du Très-Haut, l'enracinement de l' âme dans la certitude, la perception claire de ce que Dieu veut de nous, la confiance absolue en lui, l'abandon sincère à lui, la gestion de leurs affaires par Dieu et la dotation d'autres dons dont des faveurs sur naturelles.
Au Sénégal, malgré la ferveur musulmane plus ou moins sincère constatée, on est très loin de pouvoir percevoir la sainteté véritable. Cette situation est encore compliquée par le fait que les élus de Dieu cachent le plus souvent leur sainteté ou sont, eux-mêmes, voilés. On attribue généralement la sainteté aux marabouts appartenant aux grandes familles religieuses connus ou aux «Serignes» qui ont beaucoup de monde autour d'eux.On l'attribue aussi aux faiseurs de «miracles» et autres professionnels qui prient pour les gens ou leur font des retraites «spirituelles» des talismans ou des «safaras» en vue de l'atteinte de certains objectifs purement terrestres (pouvoir, richesses, nominations à des postes recherchés, ascension sociale, guérison, célébrité et prestige...) la sainteté véritable est loin de correspondre à toutes ses attributions. C'est un secret entre Dieu et l'élu qui fait du saint un voyageur en dehors de ce monde, un trésor caché que ne découvre pas n'importe qui ne le trouve que celui qui le cherche comme un assoiffé qui a besoin d'eau ou celui qui cherche Dieu «comme une mère peut chercher son enfant perdu». Les amoureux de ce bas monde et de son clinquant ne pourront jamais reconnaître un saint, même si ce dernier les côtoie. Ils sont plutôt les persécuteurs des saints de Dieu, qu'ils méprisent et sous-estiment dans l'ignorance totale que même ce qui leur arrive de faveurs dans ce monde procède de la sainteté des élus ignorés et persécutés.
Un autre signe de la sainteté peut, enfin être trouvé à partir de ce constat du saint mystique Fuzeïl ben Ayôz : «celui que le Seigneur Très-Haut affectionne, il fuit suscite toutes sortes de difficultés dans les affaires d'ici-bas. Quand à ceux qu'il traite en ennemis, il s'élargit pour eux toutes les voies et les éprouve par des félicités terrestres.» Tous les saints de Dieu ont convergé vers le même constat.
Hiérarchie des Saints de Dieu
Pour revenir à la station élevée de Cheikh Ahmed Tidiani (r), soulignons que la hiérarchie des saints est toujours pyramidale.Au sommet, selon les guides de la Tidianya il y a, à chaque époque, le pôle suprême des saints (ou pôle du Temps!; Ensuite viennent les quatre piliers (Maftâtil Kounoudji) qui sont des singuliers (afrad!. Si le pôle (Khoutbou) quitte corporellement ce monde, il est remplacé par un des quatre piliers. Celui-ci est à son tour remplacé par un saint provenant d'un troisième rang formé par les saints gnostiques parfaits (arifs kaamil).
Nul, hormis le Pôle lui-même, ne peut savoir ou mesurer la station de la polarité (martthaba khoutbou). Le Pôle suprême n'a pas le droit de parler de lui. Il est soigneusement caché par Dieu, et il ne se fait connaître qu'a de rares élus. Son degré spirituel (mahama) réside dans sa grande proximité avec le Prophète au niveau de l'âme, du coeur et de l' esprit. Le Pôle possède le savoir qui existait avant la création du monde et après cette création. Il possède les secrets des Noms de Dieu et le savoir de l'essence et de l'existence. Il regarde aussi l'essence de l'existence par l'intermédiaire du mahama (degré, position) du Prophète.
Le savoir du Pôle est détenu également par les grands singuliers (afrads) devenus piliers au nombre de quatre. Mais ils ne perçoivent pas pleinement leurs connaissances, ni leur station spirituelle. Ils travaillent sur le plan mystique sans cette perception de leur savoir ; car dans l'état où ils se trouvent ils ne savent pas ce qui est ou non autour d'eux, de même que les faveurs dont Dieu les a gratifiées. Cette méconnaissance trouve son explication dans l'humilité des saints concernés. Leur humilité est telle qu'ils ne savent pas ce qu'ils sont et ce qu'ils représentent. Ils sont ainsi voilés par leur humilité (tôrokh Lou). C'est seulement le pôle qui connaît l' état des piliers.
Ces derniers ne peuvent cerner ce qu'ils étaient ou ce qu'ils faisaient, qu'une fois hissés à la station de pôle. Il peut arriver, qu'à une époque, existent plusieurs pôles de la sainteté. Dans ce cas ils sont coiffés par un pôle des pôles (khoutbou Lagertab) qui a la puissance de 1500 saints gnostiques. Il existe aussi un outre type d'élus de Dieu. Il s'agit des khalifes (lieutenants) de Dieu distincts des pôles. Les khalifes de Dieu détiennent le degré des pôles, mais sont plus puissants que ces derniers.
En plus du savoir des pôles, ils ont la connaissance du message divin (Risâla). Ce sont des messagers. Ils possèdent la science des singuliers et celle des prophètes. Ils cernent le pouvoir et la nature des choses. Ils puisent leur savoir chez les anges et donc des mondes supérieurs différents du monde d'ici-bas, le Moulk ou planète des humains correspondant aux ténèbres de l'être, du corps et de l'âme.
Ces mondes supérieurs sont le monde angélique (Malakout), le monde de la puissance (Djabarout) et celui de l'ordre (lamri). Chacun de ces mondes, y compris le nôtre, reçoivent des lumières divines à travers le Prophète. Ils sont situés entre 10 terres, le premier et septième ciel, Koursiyou, Arras et au-delà d'Arras. Les saints véritables sont, ou non, familiers de ces lumières divines.
Leur niveau de conscience de cet état reste fonction du savoir et de l'ouverture acquis par la voie des degrés (mahama). Cette voie étant un processus d'ouverture provenant de l'illumination, des épiphanies et des miracles de la vérité et des secrets et du savoir que l'intelligence, à elle seule, ne peut atteindre. Il s'agit d'un savoir et des secrets qui ne se trouvent dans aucun livre. C'est fort de cette illumination et de ce savoir supérieur, que les saints ou gnostiques accomplis connaissent ce qui arrive de bon ou de mauvais à l' époque, ce qui a trait aux saisons, ce que Dieu décrète dans le monde et, à chaque moment, ce qui correspond à ce décret.
Leur connaissance embrasse aussi le pourquoi des choses qui arrivent, ce qui précède et ce qui vient après, les positions des étoiles, le savoir conforme à la dévotion à Dieu, l'état des esprits (rouhs) et leur progression, le secret des créatures, le monde du mystère, la connaissance des lettres célestes (Alif, Lam, Kâf...) commençant certaines sourates du Coran.
Mais la possession de toutes ces connaissances n'est pas tout. Le saint absolument accompli doit également accéder aux lumières de ces connaissances. Pour cela, il doit abandonner tous les dons déjà acquis, faire comme s'il recommençait à zéro, comme s'il ne connaissait rien. Il ne demande, aussi, rien à Dieu, à part de l'assister pour avoir la paix, être maintenu sur voie droite et arriver à lui.
Beaucoup d'adeptes de la voie spirituelle ou de candidat à la sainteté flanchent et tombent dès la première étape du chemin, pour avoir associé à Dieu leurs intérêts, leur âme, ainsi que la recherche déguisée de la gloire et de la renommée. En réalité, par le biais de cette Association secrète, nombre de marabouts ont donné à Satan, le moyen de les induire en erreur en les corrompant par toutes sortes de vanités, comme l'a indiqué le Cheikh Omar Tall du Fouta. Ces marabouts, poursuit le grand cheikh de la Tidianya, s'égarent alors et ils égarent les autres en les entraînant avec eux. Pour avoir les chances de réussir dans sa quête de Dieu, l'itinérant devrait par conséquent s'appliquer, avec l'aide d'Allah, à vider son coeur du monde. Ce qui ne signifie pas renoncer au monde. Il s'agit plutôt d'un détachement du coeur qui peut aller de pair avec l'exercice d'un travail pour ne pas être à la charge de la communauté et pour aider les autres. Même les cheikhs ou plus prosaïquement les Serignes, a déclaré El Hadji Omar Tall, «doivent exercer une activité pour subvenir à leurs besoins». «Préférer Allah à toute chose», a encore souligné le cheikh sénégalais de la voie tidianya, «doit être, pour le disciple qui désire l'initiation, le, principe et la fin de ses désirs. Pas un seul instant de sa vie ne doit être consacré à autre chose. Penser à autre chose, c'est retrouver l'intérêt et la disposition.
Le disciple doit se réserver à Allah en toute action dans le seul but de le glorifier, de le louer et de le remercier».Si l'itinérant cherche autre chose, Dieu lui retourne sa dévotion.
Cette punition peut se traduire par des succès et beaucoup de gloire dans ce bas monde. Ce qui n'a rien à voir avec le pouvoir initiatique et la sainteté. Mais le commun des croyants est loin de le savoir. Il s'empresse plutôt autour des «hommes de Dieu» ayant une autorité extérieure sur ce bas monde cet les vénèrent alors que ces derniers ont, en fait raté le but suprême. Pendant ce temps, le saint parvenu à Dieu, ou le pieux serviteur qui a abandonné son libre arbitre au Tout Puissant, sont ignorés car ils sont généralement étrangers à ce monde. Mais ces derniers n' en sont pas offusqués et regardent le commun des croyants avec l' oeil de la miséricorde. Ils se disent aussi, comme le cheikh Al Akbar Ibn' Arabi : «Nous avons laissé derrière nous les mers agitées. Comment les hommes sauraient-ils vers quoi nous nous dirigeons ?.
Ils savent enfin que peu de gens ont la notion de l'élection divine et sont en mesure de saisir la véritable personnalité de l'homme qui progresse dans les sciences divines et les connaissances seigneuriales.
Comme on l'a dit, la hiérarchie des saints est pyramidale. Cela ouvre la question de savoir si les saints se connaissent entre eux. La réponse est affirmative dans le monde des esprits mais ne l'est pas toujours dans notre vie quotidienne. Ici, celui qui se trouve dans un échelon inférieur peut ne pas se rendre compte de la station spirituelle du saint de l'échelon supé rieur. Il pourrait même arriver, si sa sainteté lui est dévoilée, qu'il se croit supérieur tant les perspectives et dons qui lui sont révélés sont fabuleux et source d'ivresse extatique. Le cheikh Ibn' Ata Allah répond un peu à la question ouverte en signalant que : «l'être qui est bas peut s'approcher de celui qui est élevé, mais il ne peut le cerner». Il ajoute aussi : «Les saints reçoivent les stations spirituelles des prophètes mais ils n'en ont pas une vision globale. A l'inverse, ceux-ci dominent parfaitement les stations des saints..»
Caractéristiques du Pôle caché
A la lumière de ces dernières observations, il est possible de comprendre pourquoi des saints de son temps et après lui pouvaient ne pas connaître le rang spirituel du cheikh Ahmed Tidiani. Les grands saints des époques précédentes connaissent cependant l'existence du pôle caché avant l'avènement de son futur détenteur. Seulement, selon les gnostiques de la Tidianya, hormis l'Imam Ali Ibn Abû Talib, les pôles Abd Al-Salâm Ibn Mashîsh ( l 3e siècle) et Abdoul Khâdr Dieylanî (12e siècle) et quelques autres saints supérieurs, aucun pieux serviteur ne savait la description physique avant ou après du pôle caché, Toutefois, à l'Assemblée secrète des saints (Dîwan awliya) qui se tient chaque nuit de vendredi, les participants ,qui se trouvaient dans le cercle proche du prophète voyaient au-dessus d'eux un siège réservé occupé par un personnage fait de lumière. C'était le cheikh Ahmed Tidiani (r). A son avènement ce siège fut occulté. Il n'est plus visible et ne le sera plus. Les dons et les caractéristiques du Pôle caché et du Sceau des saints sont impossibles à décrire en usant de mots et vocables au langage familier. C'est comme l'évocation de la saveur d'une mangue à quelqu'un qui n'a jamais goûté à ce fruit. En se référant, toujours au cheikh Al-Murtada, El Hadji Omar Tall, on peut esquisser un descriptif. Le cheikh a souligné en parlant de Mohammed (psl) et de AT- Tidiani : «J'étais déjà Prophète alors qu'Adam était entre l'eau et l'argile». De même, le Sceau des saints était un saint en acte informé de sa sainteté «alors qu'Adam était encore entre l'eau et; argile» tandis que les autres saints ne le sont (en acte) qu'après avoir rempli toutes ses conditions de la sainteté. «c'est qu'en effet, Dieu a donné le privilège de la sainteté après avoir donné celui de la prophétie et de la mission : dès la pré éternité l'a choisi (après le sceau des Prophètes) le Sceau des saints (et aussi les autres membres de sa confrérie') purement et simplement, et sans raison d'ordre temporel. ..» .
Le cheikh Al-Murtada poursuit : «Le Sceau des saints reçoit un certain nombre de qualificatifs : le seigneur des initiés, l'imam des véridiques, le fournisseur en influx des pôles et des recours suprêmes, le pôle caché, l'isthme scellé, la substance des substances. ..Le sceau des saints occupe un grade qui est «le Sceau des grades». Il surpasse tous les grades de la sainteté, et n'a au-dessus de lui que les grades des Prophètes».
La grande figure sénégalaise de la mystique musulmane ajoute: «... Le Sceau des saints reçoit non seulement l'influx mohammadienne par l'intermédiaire des Prophètes, mais il reçoit encore un influx particulier de l'essence de Mohammed (PsI), directement et sans qu'il passe par les autres Prophètes. Il s'ensuit que tous les influx prophétiques d'abord émanés de la lumière mohammadienne convergent donc vers lui et que c'est lui seul qui les dispensera aux saints».
Le cheikh Ahmed Tidiani lui-même a parlé de sa station et de son grade spirituels en déclarant que le Sceau répand les influx évoqués, en priorité sur les membres de sa Tarikha, puis sur les cheikhs des autres voies.
A une question d'un de ses proches disciples, le cheikh Mohammed Khâly, maître d'El Hadji Omar aux lieux saints, AT Tidiani a aussi répondu: «Le pôle caché c'est celui que Dieu a caché à toutes ces créatures même aux anges et aux Prophètes, sauf au seigneur de l'Existence (Mohammed Psl)». En clair, le fondateur de la tidianya faisait savoir à son grand disciple : «Qu'en effet, l'influx particulier du sceau, qu'il a reçu directement de la réalité mohammadienne, et qu'il répand ensuite sur les membres de sa confrérie, les Prophètes n'en ont pas conscience; et cela parce que le sceau a une source (mashrab} en commun avec eux (c'est-à-dire directement dans la réalité mohammadienne}.